Proust et la poursuite du silence : à l'écoute d'une traversée.
Sarah Intili  1  
1 : Centre de recherches sur les arts et le langage  (CRAL)  -  Site web
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR8566
96 Bvd Raspail 75006 PARIS -  France

La voix maternelle et ses variations contextuelles à travers les voix féminines de La Recherche ont maintes fois été abordées par la critique proustienne, en particulier au filtre d'une lecture psychanalytique des soubassements inconscients qui président à l'écriture de cette voix trouée de mystères et aux retentissements si déterminants dans cette œuvre. Or, l'écoute de cette voix fondamentale n'a jamais fait l'objet, à notre connaissance, d'une étude précise qui interroge les écoutes de ce mystère que le protagoniste et les lecteurs proustiens réalisent et, nécessairement, signent en investissant. Dans cette perspective, plutôt que d'élucider ce mystère originaire qui s'avère un mode privilégié du silence dans l'œuvre proustienne, il s'agit plutôt d'en explorer diverses écoutes à travers les traces que l'écriture sème et qui sont reprises différemment selon les contextes de lecture et de relecture. Cette étude s'attache à montrer dans quelle mesure l'écriture devient un instrument de mécanisation des sons et, par conséquent, un outil de manipulation des écoutes du silence maternel. Une « machine » proustienne visionnaire qui permet de confronter diverses écoutes, d'agir sur elles et de signer ses propres écoutes. Ainsi, Le faire - le poien qui définit l'entreprise d'écriture - silence, c'est s'écouter écouter, c'est l'écriture de l'écoute du silence comme moyen d'archiver sa genèse sans cesse en redéfinition d'elle-même dans l'acte même de sa constitution.L'écriture tente d'accueillir des écoutes multiples et créatrices en ménageant des espaces à une écoute renouvelée de ces silences à la fois originaires et contemporains. Un espace d'accueil qui troue le tissu d'écriture et créé des foyers d'annonce de sens à investir. Ici, plus que fabriquer du silence, l'écriture s'écoute fabriquer du silence.

 

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Notice biographique

Rattachée au pôle Proust du CRAL, Sarah Intili est en 2e année de doctorat à l'EHESS, sous la direction d'Anne Simon. Sa thèse porte sur « Proust et la poursuite du silence : À l'écoute d'une traversée ». Elle a déjà publié : « Les animaux dans À la recherche du temps perdu : une poursuite entre les lignes », Bulletin Marcel Proust (décembre 2018) et « En s'écrivant, En se responsabilisant », Roman 20/50, «Lire Jean Santeuil aujourd'hui », juin 2019 (à paraître).



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